La Boxeuse Amoureuse

La boxeuse amoureuse, Arthur H

Avec les corps magnifiques de Marie-Agnès Gillot et Roschdy Zem.

Regardez-la danser
Quand elle s’approche du ring
La boxeuse amoureuse
La boxeuse amoureuse

Sur ses gants dorés
Des traces de sang
De larmes et de sueur
Et de sang et de sang

Elle esquive les coups
La boxeuse amoureuse
Elle absorbe tout
La boxeuse amoureuse

Boum-boum, les uppercuts
Percutent son visage
Mais jamais elle ne cesse
De danser, de danser

Tomber ce n’est rien
Puisqu’elle se relève
Un sourire sur les lèvres
Un sourire sur les lèvres

Elle esquive les coups
La boxeuse amoureuse
Elle absorbe tout
La boxeuse amoureuse

Elle esquive les coups
La boxeuse amoureuse
Elle absorbe tout
La boxeuse amoureuse



L’Ivresse des hauteurs
, Arthur H & Jean-Louis Trintignant

Nous sommes partis dans la forêt, là haut, où ça grimpe
Guidés dans un sentier de lumière par les oiseaux, et par le vent
On a découvert une clairière à flanc de colline, face au soleil
On s’est allongé dans l’herbe on a fermé les yeux mais juste avant de s’endormir
Elles sont apparues Des femmes, dansantes, blanches, des étincelles, vives, nombreuses,
Un enchantement manifeste, un délire certain

Je respirais l’ambre de leur parfum, je ne pouvais pas les toucher
On ne pouvait pas non plus leur faire l’amour, même si on en avait très envie
On les regardait tournoyer autour de nous
On avait comme perdu la raison
Pourtant on avait rien bu
Peut-être l’ivresse des hauteurs
Le vertige du printemps

Tu savais que beaucoup de femmes ont une âme de guérisseuse
Elles ont posé les mains sur nous
On a tout de suite senti une chaleur se répandre dans tout le corps
Un courant d’énergie pure agissait à l’intérieur
Ce qui était tordu de redressait
Ce qui était obscurci s’éclaircissait
Ce qui était cadenassé se déverrouillait

Après, tout a changé
On était vifs, légers, ouverts, lumineux
Alors, elles ont commencé à nous parler
C’était en quelque sorte toutes les femmes qu’on avait aimées
Mère, fille, amante, légitime, illégitime, sœur, amie, grand-mère, arrière grand-mère
C’était l’heure des secrets, des solitudes, des abandons
Regrets, absences, trahisons
Mais aussi des joies, des fous rires, des extases et de l’amour absolu

Après cette confession étrange
Le silence nous a pris
On était abasourdi, détruit
Mais aussi soulagé, neuf, vivant, solide, limpide
C’était l’heure de partir
La nuit tombe vite et on avait un peu de marche
On a embrassé virtuellement
Toutes nos femmes merveilleuses
L’atmosphère était saturée de plaisir
Elles ont virevolté une dernière fois autour de nous
Et elles ont disparu

On est rentré d’un bon pas avec cette joie féroce dans le ventre
Une envie de tout dévorer
Fallait pas nous chercher

Arrivés au village les gens nous ont souri
Ca leur faisait du bien de voir deux gars redescendre de la montage complètement illuminés
On s’est regardé, on a rigolé doucement et sans dire un mot
On est parti chacun de notre côté
Il y avait tout à faire, à rêver, à construire
Mais maintenant c’était plus facile
Elles étaient là avec nous.


La marche à l’amour, D. Mille, J.-L. Trintignan, G. Miron

Tu as les yeux pers des champs de rosée
tu as des yeux d’aventure et d’années-lumière
la douceur du fond des brises au mois de mai
dans les accompagnements de ma vie en friche
avec cette chaleur d’oiseau à ton corps craintif

moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches
moi je fonce à vive allure et entêté d’avenir
la tête en bas comme un bison dans son destin
la blancheur des nénuphars s’élève jusqu’à ton cou
pour la conjuration de mes manitous maléfiques

avec cette tache errante de chevreuil que tu as
tu viendras toute ensoleillée d’existence
la bouche envahie par la fraîcheur des herbes
le corps mûri par les jardins oubliés
où tes seins sont devenus des envoûtements

tu te lèves, tu es l’aube dans mes bras
où tu changes comme les saisons

je te prendrai marcheur d’haleine
à bouts de misère et à bout de démesures
je veux te faire aimer la vie
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu !

et contre tout ce qui m’est absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j’affirme ô mon amour que tu existes

nouveau venu de l’amour du monde
constelle-moi de ton corps de voie lactée
même si j’ai fait de ma vie dans un plongeon
une sorte de marais, une espèce de rage noire
si je fus cabotin, concasseur de désespoir
j’ai quand même idée farouche
de t’aimer pour ta pureté
de t’aimer pour une tendresse que je n’ai pas connue

dans les giboulées d’étoiles de mon ciel
l’éclair s’épanouit dans ma chair
je passe les poings durs au vent
j’ai un cœur de mille-chevaux vapeur
j’ai un cœur comme la flamme d’une chandelle

toi tu as la tête d’abîme douce n’est-ce pas
la nuit de saule dans tes cheveux
un visage enneigé de hasards et de fruits
un regard entretenu de sources cachées
et mille chants d’insectes dans tes veines
et mille pluies de pétales dans tes caresses

tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour
ma ceinture fléchée d’univers
ma danse carrée des quatre coins d’horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir

à cause de toi
mon courage est un sapin toujours vert
et j’ai du chiendent d’achigan plein l’âme
tu es belle de tout l’avenir épargné
d’une frêle beauté
soleilleuse contre l’ombre

je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m’affale de tout mon long dans l’âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête

je n’ai plus de visage pour l’amour
je n’ai plus de visage pour rien de rien

parfois je m’assois par pitié de moi
j’ouvre mes bras à la croix des sommeils
mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus

je n’attends pas à demain je t’attends
je n’attends pas la fin du monde je t’attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie

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